La pédale de résonance s’utilise avec subtilité et de diverses manières:
– pour magnifier un son tenu par le déploiement dosé d’harmoniques en vibrato,
– pour nettoyer des interférences dissonantes dans des arpèges dont on conserve pourtant la résonance générale,
– pour rattraper le legato d’une mélodie sur une note isolée, en degrés d’enfoncement divers pour favoriser la résonance de certains registres plutôt que d’autres,
– pour obtenir une qualité de résonance, plus ou moins forte et riche, maîtrisée,
– enfin pour faire durer une basse pourtant lâchée sur laquelle on déploie des accords divers qui se contrarient harmoniquement. De la position du pied dépend sa virtuosité.
La reprise s’utilise souvent dans le cadre d’une basse suivie d’accords (ex: valse avec 2 accords dans la mesure) qui se contrarient harmoniquement.
Même si la basse doit être lâchée par la main gauche, il est possible, par ce procédé, de continuer de la faire résonner, tout en nettoyant les accords de la confusion harmonique générée.
Cela repose sur le fait que les cordes graves, épaisses, possèdent plus d’inertie que les cordes aiguës qui sont plus promptes à « s’éteindre » et qu’elles conservent le son plus longtemps. Changer la pédale à chaque accord, mais sans l’enfoncer complètement, permet de garder la basse alors que chaque accord développe ses notes spécifiques sans être brouillé par l’accord voisin. On rechange complètement la pédale à la basse suivante.
Plusieurs effets induits. Le quart de pédale ou la demi-pédale s’utilise pour la reprise de pédale citée ci-dessus ainsi que pour ne pas développer trop de volume sonore dans une résonance, ceci dans des registres plutôt doux.
Usage spectaculaire qui permet de conserver une basse tout en nettoyant des arpèges dissonants qui se déploient au dessus.
L’effleurement rapide et très léger des étouffoirs sur les cordes par le vibrato du pied permettra de conserver les basses dont l’inertie leur permet de vibrer longtemps, tout en étouffant très rapidement et régulièrement les notes aiguës dont les cordes s’éteignent très vite. Le tout en conservant la résonance globale.
On évite ainsi la sécheresse d’une coupure de pédale, ainsi que la découpe maladroite d’une vague sonore en plusieurs parties scindées, ainsi que le brouhaha de trop de notes mélangées.
Des effets de vibrato de pédale sur une note ou un accord tenu permettent, par la libération alternée des étouffoirs, de faire vibrer régulièrement les cordes des harmoniques des notes jouées. Le son se trouve très rapidement enrichi puis appauvri en harmoniques. D’où un effet de vibrato sonore.
Enfin, on peut même utiliser la pédale, de manière extrêmement fine, circonspecte et ponctuelle, dans un répertoire où la pédale n’existait pas encore (pièces pour clavecin par exemple). Non pour créer de la résonance globale, mais pour obtenir un legato très précis de mélodie ou de contrepoint.
Ainsi, pour lier une simple note, on peut utiliser une pédale isolée dans du Bach ou dans un répertoire baroque, très rapidement, durant à peine une fraction de seconde, avec très peu d’enfoncement pour générer le minimum d’harmoniques et pour ne pas briser la chaîne sonore, simplement pour lier deux notes là où les doigts ne peuvent tenir ni créer, par le poids, l’illusion d’un lié.
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